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Ikigai, un outil pour aider les élèves à définir leur projet d’orientation
Durée 8 minutes
Trouver sa voie nécessite avant tout de bien se connaître. L’outil Ikigai, concept japonais basé sur l’alignement entre connaissance de soi, relation au travail et place dans la société, peut aider les élèves à construire un projet d’orientation cohérent et réfléchi.
Ikikoi ?
Ikigai est une expression japonaise composée de iki, qui veut dire « vie », et de gai signifiant « qui vaut la peine ». On pourrait le traduire par : « le bonheur d’être toujours occupé » ou, plus philosophiquement, par « raison d’être ».
L’Ikigai désigne la recherche de ce qui met une vie en mouvement, la source de l’épanouissement de soi, à la croisée entre personnalité et société. On suppose que l’Ikigai entretient un lien avec la longévité impressionnante dans certaines régions du Japon. Ainsi, l’île d’Okinawa a été surnommée « l’île des centenaires » car le nombre de ses habitants vivant plus de cent ans est bien supérieur à la moyenne mondiale. Selon les natifs de l’île d’Okinawa, l’Ikigai est « la raison pour laquelle nous nous levons chaque matin ». À chacun et chacune de trouver la sienne !
En Occident, le concept d’Ikigai a été popularisé par un article de l’entrepreneur Mark Winn datant
de 2014, sous la forme d’un diagramme dit de Venn, c’est-à-dire composé de plusieurs cercles se
recoupant partiellement. Ce diagramme permet de faciliter la compréhension de ce concept
complexe selon quatre dimensions.
Les quatre dimensions de l’Ikigai
Ce que j'aime
La première dimension recouvre ce que l’on aime : ce qu’on aime faire, ce dont on aime discuter… et plus précisément les tâches qui sont susceptibles de nous absorber complètement, quitte à perdre la notion du temps.
Ce pour quoi je suis doué
La seconde dimension correspond à ses talents, ce sur quoi on est souvent complimenté par son entourage : un fort sens de la logique, de l’esprit d’équipe, une mentalité artistique, etc.
L’intersection de ce pour quoi l’on est doué et de ce que l’on aime correspond à la passion.
Ce pour quoi je pourrai être payé
Ici, il s’agit de définir les compétences que l’on possède, ou que l’on pourrait acquérir, et qui seront utiles dans le milieu professionnel. Cela peut être des compétences techniques ou sociales.
Le croisement de ce pour quoi on peut être payé avec ce pour quoi l’on est doué constitue la profession.
Ce pour quoi je serai utile
Enfin, la dernière dimension consiste à définir la cause que l’on souhaite défendre, ou le besoin social auquel on peut répondre : soigner, éduquer, construire, explorer…
Le recoupement entre ce pour quoi l’on est utile et ce pour quoi on peut être payé constitue la mission, tandis que si on le croise avec ce que l’on aime, cela représente sa vocation.
Ikigai et orientation
L’Ikigai peut être un formidable outil d’orientation, car il permet de réfléchir à différents aspects de sa personnalité, de ses intérêts ou de ses compétences, tout en mettant l’accent sur les relations entre ces éléments.
Définir une vocation ou une passion qui ne soit pas liée à un besoin identifié du marché du travail risque en effet de mener à la précarité, alors qu’une réflexion basée uniquement sur la carrière professionnelle peut conduire à une perte de sens et à un sentiment de vide…
Permettre aux élèves de se positionner à la fois sur leur relation au travail et sur leur place dans la société, tout en faisant le point sur eux-mêmes, peut donc beaucoup les aider à construire un projet d’orientation cohérent !
L’Ikigai est utilisé par les Japonais pour définir leur relation au travail qu’ils considèrent comme une source d’épanouissement de soi. J’ai vu dans l’Ikigai un outil d’orientation différent pour les élèves.
Enseignante de Biochimie-Génie Biologique
Travailler sur la base de cet outil avec ses élèves nécessite cependant du temps. Il est donc conseillé de le réaliser sur plusieurs heures, voire en plusieurs séances, en alternant temps individuel permettant de réfléchir pour soi et temps collectifs d’échanges pour prendre du recul sur sa réflexion, tout en cadrant bien sûr les prises de parole et éviter les jugements hâtifs sur ce sujet très personnel.
Pour les élèves qui ont déjà une petite idée de ce qu’ils souhaitent faire après le baccalauréat, l’Ikigai est un moyen de questionner et de renforcer leurs choix : ai-je vraiment identifié les compétences me permettant de travailler dans le secteur que je vise ? Est-ce que cela répond à mes intérêts, mes envies et mes qualités ? Quant à celles et ceux pour lesquels le post-bac reste une projection très vague, cela peut les aider à trouver un cap.
L’Ikigai est un moyen idéal de donner une nouvelle dimension à son projet personnel d’orientation… le terme de personnel prenant ici tout son sens !